Yareth- Et quand l'homme devint bête

Chapître I : L'éclair de Suciva


Notre histoire commence avec un éclair. En ces temps-là, Hestius est alors le Premier Dignitaire d'un ordre naissant : le Conclave. Au moment où commence cette histoire, le Conclave ne va pas très bien, puisque la foi qu'il a placé en Suciva du Sublime ne semble être qu'illusoire... Prières et réclamations affluent vers la déesse afin que le Conclave connaisse un futur meilleur.

Ce matin-là était des plus tranquilles, chacun vaquait à ses occupations diverses, rien ne saurait présager l'horreur qui allait survenir... Kirius et Brennus, deux prêtres de Suciva, étaient tout deux agenouillés devant l'autel, récitant l'un des innombrables cantiques de l'Ode à Suciva. Soudain, ils furent aveuglés par une lumière aussi intensive que soudaine. Quand Brennus recouvrit le vue, il était en haut de la chapelle, et regardait de haut Kirius. Se retournant, il eut un hoquet de surprise et de peur quand il vit ce qui le tenait, et glissa lentement pour aller s'écraser en bas, contre le sol. Ce fut alors que Kirius préféra prendre la fuite, pour aller agiter la Grande Cloche, afin de revenir à l'autel avec plus de gardes.

Lorsque tous furent revenus, un effroyable spectacles les attendait : Un Titan était assis sur l'Autel, les regardant arriver avec une satisfaction non feinte. Il était grand comme deux hommes, avait une tête de Lion, et portait comme unique vêtement un pagne. Chose curieuse, il était en train de grignoter le tête de Brennus...

Ce fut alors qu'Hestius intervint. Par la volonté de Suciva, il eut une révélation, et Suirad, dans sa richesse, l'aida à forger une clé qui contrôlerait le titan qui se nommait Jareth, ce qui veux dire en langue ancienne, le Grand.

Hestius parvint à faire de Jareth son garde du corps, lui faisant promettre de veiller sur sa famille, et de devenir l'ombre de son fils qui allait naître...

II Le frère de sang d'Hestius

En ces temps-là vivait un grand Seigneur, Lenwe Earfalas, nommé comte des Provinces D'or par son grand ami, Hestius. Il avait été élevé, pour la première fois en trois centaines d'années, au rang de Seigneur de la Guerre. Ses nombreuses campagnes contre l'hérétisme, l'amour et l'amitié que lui portaient chaque soldat du Conclave aidèrent à cette élévation. C'était aussi un fervent admirateur du culte de Suciva, et les Provinces D'or étaient réputées pour la proportion des adeptes au culte du Sublime.

A la veille de la Dernière Guerre, celle où Hestius trouva la mort, ce dernier demanda à Lenwe de veiller sur sa femme. Ce qui énerva profondément Lenwe, lui qui était si brillant tacticien, pourquoi ne devrait-il pas aider les troupes du Conclave ? Mais en bon serviteur du Dignitaire, il obéit. Lorsqu'il apprit la mort d'Hestius, il entra dans une tristesse profonde...

Il prêta allégeance à Cléya, et tout deux finirent bien vite l'un dans les bras de l'autre. Ils tombèrent éperdument amoureux, et Lenwe veilla comme un père aux côtés de Darius. Mais lorsque Cléya mourut, que Felonius pris le pouvoir, Lenwe, avec le peu d'hommes qui lui étaient encore fidèles, pris le chemin des armes. Il voulait rétablir l'ordre dans le Saint Sanctuaire, restaurer l'Ordre ancien...

Mais ces insurgés étaient trop peu nombreux, et, bien vite, furent écrasés par les troupes de Felonius. Tous furent condamnés à mort, sauf Lenwe, qui fut condamné à l'exil à vie. Personne ne pourrait dire pourquoi il n'a pas été exécuté, peut-être que Felonius avait peur de lui, qui pourrait le dire ?

III La nouvelle identité.
(Reprise à la première personne)

Moi, j'avais été exilé. Moi qui avais toujours servi Suciva, elle m'avait abandonné. Lâchement. En quelque temps, j'avais perdu l'homme qui était pour moi comme un frère, Hestius. La femme que j'aimais, Cleya. Et le garçon que j'avais considéré comme mon fils, Darius.

Pourquoi ? Suciva, en fin de compte, n'existait pas ? Peut-être n'était-ce qu'une croyance absurde dont nous autres enfants étions gavés dès la naissance, une croyance n'ayant d'autre but que de nous expliquer les mystères de la vie ? Comme pour l'apparition de Jareth... Je ne l'avais jamais aimé. Il me paraissait sale, répugnant. Il aimait les prostituées, et n'était pas fidèle, aimait le luxe, les grands dîners...

Tout le contraire de ce que Hestius avait été. Tout le contraire de ce que j'avais été. Mais maintenant, j'étais loin de tout ce que j'avais connu. Loin de Darius... Qui sait ce qu'il allait advenir ? Un bon père serait revenu, sous une autre identité, l'aurait suivi de loin... Mais il fallait que j'arrêtes. Je n'étais pas son père...

Je n'étais que l'amant de sa mère, et le frère de sang de son père...


Je secoue la tête. Au diable le Conclave, au diable le luxe. Je décide de changer d'identité. Désormais, je serais Despe, fils de personne, venant de nulle part. Un simple vagabond...

IV. L'errance

Il s'agit certainement de l'un des plus long moments de la vie de celui qui se fit appeler Despe. Il avait erré durant une année entière sur la route principale des Terres d'Argent, mendiant, chassant... Il était devenu ce que lui-même combattait auparavant : rien d'autre qu'un hérétique, un gueux.

Il avait arrêté de croire en Suciva, et toute une page de sa vie était tournée. Par plusieurs fois, il porta les bannières de plusieurs guildes aux noms redondants, comme les Enfers, ou encore les Celtics... Mais il n'avait aucun but : un jour il faisait le bien, l'autre le mal...

Ce devait être un matin d'été, à Biceps City. La veille, il avait quitté la guilde des Celtics, sans un mot, sans rien dire... Parti, comme un voleur, oui-da, un de la pire espèce. Il fit la rencontre, ce matin-là, d'un assassin de grande renommée, Swmaster. Ces deux hommes devinrent bien vite amis, et mieux encore, ils créèrent une guilde.

Swmaster ré-apprit à Despe, qui avait tout oublié depuis son exil dans l'Ouest, la philosophie, la science, l'histoire, mais surtout les armes... Bien vite, Despe devint un amoureux de l'épée, délaissant cependant l'art de la parole, dont il jugeait que c'était pour les faibles... En fait, il semblait que c'était plus par peur qu'il refusait d'écrire, par peur de se rappeler le visage de son père, de se rappeler tout ce qu'il avait été un jour...

Un jour funeste, cette guilde, cette entente prit fin, et Despe s'en alla dans une autre guilde, à la renommée alors énorme : les Djin's Shinobi. S'ensuivit de longues années de service, de loyauté envers ses chefs... Et à la toute fin des Djin's, Despe fit quelque chose qui le surprit lui-même : il écrit le récit d'une aventure sur les terres de Boudok... Oh, c'était peu, vraiment, et de bien modeste qualité, mais le souvenir de tout son savoir lui revint, et il réapprit, encore une fois, l'art de la parole. Aidant MHD et Linettte, il construisit la guilde des Ombres et Lumières, et en ces beaux jours, une nouvelle de l'Est arrivât : Le Conclave avait un nouveau Haut Dignitaire, Darius...

Ce nom était enfoui depuis longtemps dans la mémoire de Despe, il avait oublié Cléya, Hestius, Darius, le titan... Il avait tout oublié... Mais le nom même de Darius le fit entrer dans une période de grande débauche, et il s'éloigna de l'Ombre, comme de la Lumière, déclarant la guerre à toutes deux.

V. Le Pardon

Le soleil était haut dans le ciel, pourtant en ce sanctuaire sombre qu'il avait construit de ses mains, il faisait nuit, toujours. Sa longue lame à ses côtés, il semblait dormir, mais était en fait en pleine méditation, au sujet de son passé, de son présent, et surtout de son avenir.

Il l'entendit approcher, le sentit, et posa une main sur la garde de son épée... Qui osait troubler un Seigneur de l'Apocalypse ? Ouvrant les yeux, il inspecta le nouvel arrivant... Une longue cape blanche, des habits de grande valeur, et un certain goût, on avait là affaire à quelqu'un qui aimait les Anciens Ordres, cela ne faisait aucun doute.

Mais ce qui le surprit par-dessus tout, c'était la coiffure, les cheveux... De longs cheveux, d'un blond éclatant. Despe ne connaissait qu'une personne, une seule, qui partageait déjà cette caractéristique. Et cette personne était morte. Ce fut alors que l'étranger prit la parole, avec son fort accent de l'Est.

"Salutations, Earfalas. Je suis Darius, me connaîs-tu ?

Darius... Le coeur de Despe se souleva, et ses yeux parurent trempés. Si Darius le vit, il n'en fit rien savoir. Si Darius savait, combien il avait compté pour lui... Il ne poserait pas de questions de ce genre. Mais il ne savait pas. Et ne devait pas savoir, du moins, pas tant que le Destin lui aurait soufflé de lui dire. Etrangement, Despe se mit à repenser à Suciva... à ses caprices... et l'identifia au Destin. Despe répondit donc à Darius par la négative.

[i]"Ah. Eh bien, je ne vous connaît pas non plus, si ce n'est dans les manuscrits de l'époque de mon père, Hestius. Vous étiez considéré comme le Seigneur de Guerre du Conclave, un grand maître d'armes, et surtout un fin tacticien... Seulement, il semblerait que vous ayez été envoyé en exil. Aussi, en ma qualité de Haut-dignitaire, je vous le dit : vous pouvez rentrer. Cet exil n'a maintenant que trop duré. Le Conclave vous attend, a besoin de vous."[i]

Darius repartit vite, non sans avoir partagé le pain avec Despe. Ce dernier s'accorda trois jours de réflexion, puis se déshabilla finalement. Dans un coffre, non loin de Biceps, dans une grotte, il y avait une cape, sombre, des bottes de voyageurs, et surtout une épée qui avait tranché nombre de têtes...

Tous ces objets appartenaient jadis à Lenwe Earfalas, et c'était le moment pour lui de revenir en ce monde où tout change...

VI. Le retour et l'amour

Il arriva devant les portes du Saint Sanctuaire, le cœur emplit d'une certaine nostalgie. Ici, il avait donné des ordres. Là, il avait embrassé Cléya. Là-bas, il avait mis à mort des soldats de Félonius. Tout cet endroit résonnait d'un passé encore si frais...

Il se fit présenter aux nouveaux dignitaires, Torrasque, Cyrus, Alwan, et surtout Darius. Ces quatre hommes devinrent vite des proches de Lenwe. Ce dernier fut nommé Exécuteur du Conclave, en raison de son génie militaire et de sa hargne à répandre le sang.

Un beau matin, ce fut le couronnement de sa vie : Lord Clarius, celui que Lenwe avait entraîné dans moultes quêtes, le frère de sang de Lenwe, se présenta au Conclave, et devint bien vite l'un des prélats les plus émérites.

[...]

Ce devait être un matin d'une tranquillité habituelle, mais lorsque Lenwe se leva, il sut que tout allait changer à compter de ce matin là. Pour nous qui connaissons l'histoire de Lenwe jusqu'à la fin, nous saurons que c'est ce jour là qui entraîna tout le reste de l'histoire.

Une femme d'une beauté extrême se présenta devant le conseil des Prélats : Suyana. Elle était si belle que Lenwe succomba sur le champ à la tentation, et, afin que ce soit réciproque, lui raconta des histoires, devint éperdument amoureux d'elle. Mais le soir, une terrible nouvelle arriva : un prophète vint à annoncer l'arrivée prochaine d'un cadeau de Suciva pour récompenser "le plus fort et le plus valeureux d'entre tous". Ce cadeau se matérialiserait sous la forme d'une double personnalité. Ainsi, Lenwe, car c'est lui qui fut désigné par Suciva, reçut le corps d'un titan, le troisième après Soleith le grand et Jareth le vigoureux, ainsi que la mémoire de Jareth. Ce nouveau titan s'appellerait Yareth.

La Quête de Tarak Nazul

Yareth, au moyen de la mémoire de Jareth, donna des indications précises à Darius sur l'emplacement de la boîte de Tarak Nazul, boîte censée offrir l'immortalité à celui qui la possèderait, et donnant le pouvoir de vie ou de mort pas sur les hommes, mais sur la Vie toute entière. Ainsi, le possesseur de cette boîte deviendrait ni plus ni moins le maître incontesté des Terres Argentées. Et ainsi fut fondé le Prieuré de Soletih, guilde dérivée du Saint Conclave qui a pour but de retrouver la boîte.

Malgré l'excitation qu'aurait du procurer cet évènement, les membres du prieuré s'enfoncèrent dans une inactivité totale, préférant se prélasser dans les luxueux jardins de la Cathédrale de Soleith que parcourir le monde à la recherche de la boîte. Ce fut à ce moment que Yareth décida d'écrire ses mémoires, ceux de Lenwe Earfalas.

Suyana les lu, et appris grâce à cela que Lenwe avait jadis été amoureux d'une autre femme, Cléya. Elle entra dans une colère profonde, et décida d'ôter la vie à Yareth, pour le punir, voici ce qui était selon elle le prix du mensonge.

Yareth, mourant, cru se retrouver dans les Couloirs du Jugement de Suciva, mais finalement il se réveilla, sans même une cicatrice, alors que le coup porté par Suyana aurait du tuer sur le champ n'importe qui. Et il comprit : Suyana l'avait frappé à mort, affaiblissant la personnalité de Lenwe Earfalas... Et c'était celle du titan, magique, qui avait pris alors le dessus, soignant la blessure, et entrant dans une colère noire et profonde.

Tassith

Yareth chercha à se venger, traquant Suyana dans la Cathédrale tel le lion traquant sa proie. Lorsqu'il retrouva Suyana, elle se trouvait dans la chambre de Darius. Il ne chercha pas à comprendre ce qu'il s'était passé, et s'enfuit, déclarant que nul membre du Prieuré ne vivrait désormais très longtemps.

Il alla jusqu'à la contrée reculée de Tassith, et là, en la ville qui porte le même nom que cette contrée, il retrouva le fidèle ami de toujours, Clarius. Ensemble, les deux hommes fondèrent un nouvel ordre, basé sur la démocratie et l'ouverture vers l'extérieur. Mais surtout, cette guilde voulait l'annihilation de leurs pires ennemis : les chevaliers du Prieuré. Troisième fondatrice de la guilde, Aaliyah devint l'impératrice de Tassith, en raison de l'immense amour que Yareth lui portait. C'est ainsi que l'Ordre de Tassith fut fondé, et il reste encore debout aujourd'hui, solide parmi les autres guildes au nom rocambolesque.

Mais là n'est pas la fin de l'histoire, non, c'est juste le début du renouveau. Pour la liberté des Peuples.